Thinkneo a relevé avec brio l’un des défis majeurs de notre époque : rendre l’identité numérique à la fois accessible, sécurisée et inclusive, quel que soit le niveau d’infrastructure disponible. Grâce à sa solution Avatar-ID, la startup exploite la large diffusion des smartphones pour offrir une plateforme d’authentification à distance, alliant scan de documents, selfie avec détection de présence et validation instantanée par intelligence artificielle. En supprimant les coûts et les contraintes liés aux lecteurs biométriques, Avatar-ID garantit une fiabilité maximale face aux fraudes tout en restant simple d’usage, depuis les zones rurales jusqu’aux grands centres urbains.

Qu’il s’agisse de fintechs, de banques, d’opérateurs télécoms ou d’administrations publiques, Thinkneo en sa tête son cofondateur et CEO Leith Mokaddem accompagne ses partenaires dans la modernisation de leurs processus d’onboarding, l’inclusion sociale et la sécurisation des services digitaux.

En quelques clics, un nouvel utilisateur peut ainsi ouvrir un compte bancaire, accéder à des prestations sociales ou souscrire à un service en ligne, directement depuis son téléphone ou via une borne interactive.

Nous sommes fiers de compter Thinkneo parmi les partenaires de l’APNA et d’avoir eu le privilège de réaliser cette interview exclusive.

Pour découvrir en détail les ambitions, les défis et la vision de Thinkneo pour l’identité numérique en Afrique, plongez dès maintenant dans notre entretien complet.

Présentation de Thinkneo et Avatar-ID

Pouvez-vous nous présenter Thinkneo et son rôle dans l’écosystème numérique en Afrique ?

Thinkneo est une startup qui veut révolutionner la manière dont l’identité numérique est gérée en Afrique. Aujourd’hui, l’identification reste un énorme défi sur le continent, que ce soit pour ouvrir un compte bancaire, souscrire à un service en ligne ou même accéder à des services publics. Beaucoup de pays ont adopté des cartes d’identité biométriques pour moderniser leur système d’état civil et lutter contre la fraude documentaire, mais un problème persiste : ces cartes nécessitent des infrastructures spécifiques, notamment des lecteurs biométriques, qui sont coûteux et pas toujours disponibles partout. Résultat, on se retrouve avec une solution performante en théorie, mais difficilement exploitable sur le terrain, surtout en zone rurale.
C’est justement face à cette difficulté que plusieurs gouvernements africains ont commencé à réfléchir à l’identité numérique comme une alternative viable. Leur objectif est ambitieux : d’ici 2030, ils veulent que 99% de la population dispose d’une identité légale. Or, en s’appuyant uniquement sur les cartes biométriques et des infrastructures physiques, cet objectif est difficile à atteindre. L’idée de passer au numérique est donc apparue comme une évidence : plutôt que de forcer l’installation d’équipements coûteux et difficiles à déployer, pourquoi ne pas utiliser les outils que les citoyens ont déjà, à savoir leur smartphone ?
C’est là que nous intervenons. Nous avons développé Avatar-ID, une solution qui permet de prouver son identité à distance, en toute sécurité, sans avoir à se déplacer, ni à dépendre de matériel lourd. Avec le taux de pénétration des smartphones qui ne cesse d’augmenter en Afrique, cette approche permet de toucher une population beaucoup plus large, y compris dans les zones reculées.
Nous travaillons avec différents acteurs qui ont des besoins en identification sécurisée essentiellement depuis el boum de la digitalisation à travers le monde. Les banques et les fintechs doivent s’assurer que leurs clients sont bien ceux qu’ils prétendent être avant de leur offrir des services. Les opérateurs télécoms cherchent à éviter les fraudes à la carte SIM et à renforcer la sécurité des transactions mobiles. Les gouvernements, eux, veulent digitaliser leurs services publics, améliorer leur système d’état civil et s’assurer que chaque citoyen puisse être reconnu légalement, sans qu’il ait besoin de se déplacer ou d’attendre des semaines pour obtenir des documents administratifs.
Notre objectif est donc d’accompagner cette transformation numérique en apportant une solution flexible, sécurisée et adaptée aux réalités africaines.

Avatar-ID est au cœur de votre activité. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste cette solution et quels sont ses principaux cas d’usage ?

Avatar-ID est ce qu’on appelle une solution de Mobile ID. Elle permet à un utilisateur de vérifier son identité à distance, en utilisant uniquement son téléphone portable. Le processus est simple : on scanne un document d’identité, on effectue un selfie avec détection de mouvement (pour éviter les fraudes), et l’intelligence artificielle valide la correspondance et la présence en temps réel.

Avatar-ID ne se positionne pas comme une solution d’identité numérique complète au sens institutionnel, mais comme une brique technologique essentielle. Elle vient faciliter l’accès aux services numériques, aussi bien dans le secteur public que privé, en sécurisant les parcours d’onboarding, de vérification ou d’authentification.

L’un des grands avantages d’Avatar-ID, c’est qu’il simplifie aussi l’onboarding c’est-à-dire l’enregistrement et l’inscription des utilisateurs, une étape clé pour l’accès aux services numériques. Aujourd’hui, de nombreuses personnes sont exclues du système financier ou administratif parce que les procédures d’inscription sont trop longues et trop complexes. Avec notre solution, il devient possible de créer un compte bancaire, souscrire à une assurance ou s’inscrire à un service public en quelques minutes, directement depuis un téléphone, voire à travers une borne de services et ceci à distance.

Elle est aujourd’hui utilisée par des fintechs, des banques, des opérateurs télécoms, et suscite également l’intérêt de plusieurs gouvernements dans le cadre de projets d’inclusion ou d’identification sociale.

Et pour les personnes sans smartphone, nous proposons une alternative via le WEB mais aussi via des bornes interactives sur lesquelles Avatar-ID peut être déployée. Cela garantit un accès équitable, même pour les usagers les moins connectés.

Prenons l’exemple d’un agriculteur en zone rurale qui veut ouvrir un compte mobile money. Actuellement, il devrait se rendre en agence, attendre qu’un agent vérifie son identité et remplir plusieurs formulaires. Avec Avatar-ID, il peut faire tout cela depuis son téléphone, en scannant son document et en faisant un selfie. En quelques clics, il a accès à son compte et peut commencer à utiliser des services financiers. Autre cas, une mère de famille qui souhaite bénéficier d’allocations sociales mais qui habite loin d’un centre administratif. Plutôt que de se déplacer et perdre du temps dans des files d’attente, elle peut prouver son identité en ligne et soumettre son dossier immédiatement.

C’est une solution qui répond également aux besoins des gouvernements. L’un des grands défis aujourd’hui, c’est l’état civil. Des millions d’Africains n’ont pas d’acte de naissance ou de document officiel, ce qui les empêche d’accéder à de nombreux services. En utilisant une identité numérique, il devient possible de créer un registre plus complet, sécurisé et facilement accessible, sans dépendre d’une infrastructure coûteuse.

Quelles sont les spécificités d’Avatar-ID par rapport aux autres solutions d’identité numérique et d’e-KYC sur le marché ?

Avatar-ID se distingue à plusieurs niveaux. D’abord, c’est sa capacité à fonctionner dans des contextes contraints, avec un minimum d’équipement. Il n’y a pas besoin de lecteurs biométriques spécialisés ni d’infrastructure complexe : un simple smartphone suffit. C’est une vraie force en Afrique, où l’équipement est parfois limité. Cela le rend beaucoup plus accessible et facile à déployer. Ensuite, notre solution est entièrement automatisée : l’intelligence artificielle se charge de la vérification des documents et de la biométrie faciale, ce qui permet une validation instantanée, sans intervention humaine et sans risque d’erreur.

Nous avons aussi intégré une technologie avancée de détection de présence, ce qu’on appelle le “liveness detection”. Cela permet d’éviter les fraudes en s’assurant que la personne en face de l’écran est bien réelle et qu’il ne s’agit pas d’une photo ou d’une vidéo enregistrée.

Un autre point clé, c’est la sécurité des données. On sait que la protection des informations personnelles est un enjeu majeur, et Avatar-ID a été conçu pour garantir une confidentialité totale. Toutes les données sont cryptées et stockées selon les normes en vigueur, et l’utilisateur garde le contrôle sur ses informations.

Enfin, Avatar-ID est conçu pour être facilement intégré aux systèmes existants. Il peut être utilisé par des banques, des plateformes de e-commerce, des services publics, sans qu’ils aient besoin de modifier leur infrastructure. C’est une solution clé en main, adaptable aux besoins de chaque secteur.

Ce qui est certain, c’est que l’identité numérique va jouer un rôle clé dans les prochaines années. Elle permet non seulement d’améliorer la sécurité et de lutter contre la fraude, mais aussi d’accélérer l’inclusion financière et administrative. Avatar-ID s’inscrit totalement dans cette dynamique, en apportant une solution adaptée aux réalités africaines, qui répond aux besoins des entreprises, des gouvernements et surtout, des citoyens.

L’identité numérique est une révolution en marche en Afrique, et nous sommes convaincus qu’Avatar-ID peut jouer un rôle clé dans cette transformation, la faciliter et l’accélérer.

L’enjeu de l’identité numérique en Afrique

Pourquoi l’identité numérique est-elle un enjeu majeur pour l’Afrique aujourd’hui ?

Parce qu’elle conditionne l’accès aux droits. Sans identité, pas de compte bancaire, pas d’accès aux aides sociales, pas de services publics, pas de vote, parfois même pas d’existence légale. Aujourd’hui, encore trop de personnes ne possèdent aucun document d’identité valide. En Afrique, on estime que près de 500 millions de personnes n’ont pas d’identité légale. Pas d’acte de naissance, pas de carte d’identité, parfois même pas de traces administratives de leur existence. Et quand on n’existe pas aux yeux de l’État, on est automatiquement exclu d’un grand nombre de services essentiels : la santé, l’éducation, les aides sociales, le vote, l’accès au crédit ou à l’épargne.

L’identité numérique apparaît donc comme une opportunité immense pour combler ce vide. Elle permet de contourner certaines contraintes liées à l’état civil traditionnel, qui repose sur une infrastructure souvent lourde, coûteuse et parfois défaillante. Et surtout, elle offre une approche plus rapide, plus souple et beaucoup plus accessible.

Plusieurs gouvernements africains l’ont bien compris. Ils voient dans l’identité numérique une manière concrète d’atteindre l’objectif de 99 % d’enregistrement des citoyens à l’horizon 2030. Ce n’est pas simplement un projet technologique : c’est une stratégie de développement. Une identité numérique fiable, c’est un levier puissant pour renforcer l’inclusion sociale, économique et même démocratique.

Et ce qui est intéressant, c’est que la technologie est aujourd’hui mature. Avec la généralisation des smartphones, l’adoption du mobile money, l’expansion de la connectivité, les conditions sont réunies pour déployer des solutions efficaces, même dans des zones rurales. C’est là que des plateformes comme Avatar-ID prennent tout leur sens.

Quels sont les principaux défis liés à la mise en place d’une identité numérique sur le continent ?

Il y en a clairement plusieurs, et ils sont à la fois techniques, sociaux et institutionnels.

Le premier, c’est évidemment l’inégalité d’accès au numérique. Même si l’usage des smartphones progresse rapidement, il existe encore une fracture digitale, notamment entre les milieux urbains et ruraux, ou entre hommes et femmes. On ne peut pas penser l’identité numérique sans intégrer cette réalité. Il faut des solutions qui soient simples, intuitives et qui ne nécessitent pas un niveau élevé d’alphabétisation ou de compétence technologique.

Ensuite, il y a le défi de la confiance. Beaucoup de gens se méfient de l’idée de partager leurs données personnelles en ligne. Et c’est tout à fait légitime. Les scandales autour de la fuite de données, ou l’usage abusif d’informations personnelles, ont renforcé cette méfiance. C’est pourquoi il est indispensable de construire des solutions sécurisées, mais aussi transparentes, où l’utilisateur garde le contrôle sur ses données.

Un autre point, c’est la fragmentation des initiatives. Sur le continent, on voit souvent des projets d’identité numérique lancés par différents ministères, ou par des institutions financières, chacun avec sa propre base de données. Résultat : des systèmes qui ne communiquent pas entre eux, et une duplication inutile des efforts. Il faut aller vers des systèmes interopérables, où l’identité numérique peut être utilisée de manière fluide à travers plusieurs services, sans recommencer le processus à chaque fois.

Enfin, il y a la question du cadre légal. Beaucoup de pays africains n’ont pas encore mis en place une législation claire sur la protection des données, la cybersécurité ou la reconnaissance de l’identité numérique comme équivalent légal d’une pièce physique. C’est un enjeu fondamental, car sans cadre juridique solide, l’identité numérique ne peut pas devenir un socle de confiance.

Selon vous, quelles sont les bonnes pratiques pour assurer une adoption réussie et sécurisée de ces solutions ?

Pour que l’identité numérique fonctionne vraiment en Afrique, il faut partir de l’utilisateur. Ce n’est pas une question purement technologique, c’est avant tout une question d’expérience humaine.

La première bonne pratique, c’est donc la simplicité d’usage. Il faut que la solution soit compréhensible par tous, utilisable sur des smartphones basiques, et qu’elle guide l’utilisateur pas à pas. Chez Thinkneo, par exemple, avec Avatar-ID, on a conçu tout le parcours d’onboarding pour qu’il soit le plus fluide possible : un scan de document, un selfie avec détection de mouvement, et le tour est joué.

La deuxième, c’est l’inclusion dès la conception. Il ne suffit pas de penser aux utilisateurs connectés. Il faut intégrer des relais physiques, comme des points de service de proximité, ou travailler avec les opérateurs mobiles pour proposer une assistance ou des versions hors ligne. Et surtout, il faut penser aux personnes vulnérables : les personnes âgées, les analphabètes, les populations marginalisées.

Troisièmement, il faut impliquer les autorités locales et les leaders communautaires. L’adoption d’une solution d’identité repose sur la confiance. Et cette confiance, elle se construit localement. Ce sont souvent les chefs de quartier, les agents municipaux ou les animateurs associatifs qui vont rassurer, expliquer, et encourager les gens à s’enregistrer.

Enfin, il est crucial de travailler en collaboration avec les gouvernements. L’identité numérique ne doit pas être perçue comme une technologie venue du privé qui se superpose aux systèmes existants. Au contraire, elle doit venir en complément des politiques publiques, s’intégrer dans les stratégies nationales d’inclusion et de transformation digitale.

Et pour finir, je dirais qu’il faut mettre la sécurité au cœur du système, mais sans compliquer l’expérience utilisateur. Si on impose trop de barrières, on décourage les gens. Si on en met trop peu, on crée des failles. L’équilibre, c’est d’avoir une technologie robuste, mais invisible, qui protège l’utilisateur sans le bloquer.

On sent bien que c’est à la fois un défi technologique et sociétal !

Absolument. C’est même un défi de souveraineté. Maîtriser l’identité de ses citoyens, pouvoir leur garantir un accès sécurisé à leurs droits, c’est une composante essentielle d’un État moderne. L’identité numérique, si elle est bien pensée, peut véritablement transformer la relation entre les citoyens et les services, publics comme privés. Et l’Afrique a une carte à jouer, justement parce qu’elle peut construire un modèle adapté à ses réalités, en s’appuyant sur le digital et l’innovation locale.

Sécurité, conformité et protection des données

L’un des défis majeurs de l’identité numérique est la protection des données personnelles. Comment Avatar-ID garantit-elle la sécurité et la confidentialité des utilisateurs ?

C’est effectivement un enjeu crucial. On ne peut pas parler d’identité numérique sans aborder la question de la sécurité des données. Dès qu’on touche à des informations personnelles – nom, date de naissance, photo, numéro d’identification – on entre dans un domaine sensible. Et la confiance des utilisateurs repose en grande partie sur la capacité à protéger ces données.

Chez Thinkneo, avec Avatar-ID, on a fait de la sécurité une priorité dès la conception de la plateforme. Tout d’abord, les données sont chiffrées de bout en bout, c’est-à-dire qu’elles sont cryptées dès qu’elles sont captées sur le smartphone de l’utilisateur, et restent protégées pendant tout le traitement, jusqu’au stockage. Personne ne peut y accéder sans autorisation, ni en transit ni sur les serveurs.

Ensuite, nous avons mis en place une architecture décentralisée, ce qui signifie que les données ne sont pas toutes stockées dans un seul point central, ce qui réduit considérablement le risque de piratage massif. Et surtout, nous respectons les principes de privacy by design : l’utilisateur garde à tout moment le contrôle sur ses données. Il peut choisir quelles informations il veut partager, avec qui, et pour combien de temps.

On ne collecte que le strict nécessaire, et on s’assure que chaque usage est justifié et documenté. On évite aussi les stockages inutiles : une fois l’identité validée pour un usage spécifique, les données ne sont pas conservées plus longtemps que nécessaire. C’est un équilibre entre sécurité, conformité et respect de la vie privée.

Comment votre solution répond-elle aux exigences réglementaires locales et internationales en matière d’e-KYC et de gestion de l’identité numérique ?

C’est une dimension à laquelle on accorde énormément d’importance. Il faut savoir que la réglementation autour de l’identité numérique, de la protection des données et du KYC évolue très vite, en Afrique comme ailleurs. Et pour nous, c’est indispensable d’être non seulement en conformité, mais parfois même un peu en avance pour anticiper les exigences futures.

Par exemple, Avatar-ID est conçu pour être compatible avec les standards définis par la DSP2 et la RGPD en matière d’e-KYC, notamment pour ce qui concerne la vérification à distance, l’authenticité des documents, la gestion du risque, et le niveau d’assurance exigé pour différents types de services. Nous suivons également les recommandations de l’Union africaine, qui promeut la mise en place de cadres légaux harmonisés pour la protection des données à travers le continent.

Et au niveau local, nous adaptons la solution selon les pays. On ne peut pas avoir une approche uniforme pour toute l’Afrique. Certains pays ont des lois strictes sur la cybersécurité, d’autres commencent à peine à structurer leurs régulations. On travaille donc main dans la main avec les autorités locales, les banques centrales, les régulateurs des télécoms, pour s’assurer que notre solution est bien alignée avec leurs exigences.

Un point qui nous semble fondamental aussi, c’est la souveraineté des données. Beaucoup de gouvernements africains veulent que les données de leurs citoyens soient hébergées localement, ce qui est tout à fait légitime. C’est pourquoi nous proposons des modèles hybrides ou localisés, avec des options d’hébergement dans le pays, voire sur des infrastructures gouvernementales ou certifiées.

Pensez-vous que l’Afrique est prête à adopter à grande échelle des solutions décentralisées d’identité numérique et quel est le rôle d’Avatar-ID ?

Oui, absolument. Techniquement, les conditions sont réunies. Le taux de pénétration des smartphones augmente très rapidement, les usages numériques se généralisent, même dans les zones rurales, grâce au mobile money et aux plateformes d’e-services.

Mais il faut voir la chose dans son ensemble. Être “prêt”, ce n’est pas seulement une question de technologie. C’est aussi une question de volonté politique, de cadre réglementaire, de culture numérique, et surtout de confiance. Et sur ce point, on sent un vrai mouvement. De plus en plus de gouvernements africains comprennent que l’identité numérique n’est pas un gadget, mais un outil stratégique pour accélérer l’inclusion, améliorer l’administration publique, lutter contre la fraude, et bâtir une économie numérique robuste.

Ce qu’il faut éviter, en revanche, c’est de reproduire les erreurs du passé, comme des systèmes rigides, fermés, ou déconnectés des réalités du terrain. Il ne suffit pas de digitaliser l’identité, il faut le faire de manière intelligente, inclusive, et durable.

Et c’est là que des solutions comme Avatar-ID peuvent vraiment faire la différence. Parce qu’elles ne demandent pas d’investissements colossaux en infrastructure, qu’elles s’intègrent facilement et complètent les solutions existantes et futures d’identité numérique, et surtout qu’elles sont conçues pour être utilisées par tous – pas seulement les urbains connectés, mais aussi ceux qui sont aujourd’hui à la marge du numérique.

Donc oui, l’Afrique est prête. Ce qu’il faut maintenant, c’est accompagner cette transformation avec des solutions responsables, bien pensées, et alignées avec les enjeux du continent.

Cas d’usage et impact de la solution

Quels types d’entreprises et d’institutions utilisent déjà Avatar-ID ?

Aujourd’hui, Avatar-ID est utilisé par des acteurs variés, qui ont tous en commun un besoin fort d’identification sécurisée à distance. On travaille notamment avec des institutions financières, comme des banques ou des fintechs, qui doivent s’assurer de l’identité de leurs clients dès l’ouverture de compte. La vérification en présentiel, c’est souvent lent, coûteux, et peu compatible avec les ambitions d’inclusion financière à grande échelle. La banque Centrale tunisienne vient d’ailleurs d’émettre une circulaire pour permettre l’introduction et l’utilisation du e-KYC dans le secteur financier dans le cadre de l’inclusion financière et sociale.

Grâce à Avatar-ID, ces institutions peuvent désormais proposer un onboarding 100 % digital, fiable et rapide. Et c’est particulièrement utile dans des contextes où les agences physiques sont rares, voire inexistantes.

On travaille aussi avec des opérateurs télécoms, qui veulent renforcer le processus d’identification lors de l’achat de cartes SIM, surtout depuis que certains pays exigent une vérification stricte pour lutter contre la fraude et les usurpations. L’identification par selfie avec détection de présence évite les enregistrements frauduleux, tout en restant simple à utiliser.

Et puis il y a aussi des organismes publics, des programmes sociaux, ou même des municipalités qui s’appuient sur Avatar-ID pour identifier les bénéficiaires de certains services. On est en discussion avec plusieurs gouvernements pour accompagner des projets d’état civil numérique ou d’identification sociale ciblée.

Pouvez-vous partager un exemple concret d’impact de votre solution dans un pays ou un secteur spécifique ?

Alors, même si nous n’avons pas encore déployé Avatar-ID à très grande échelle dans un pays, nous avons étudié de près plusieurs cas d’usage concrets pour bien comprendre les besoins réels sur le terrain et proposer des solutions adaptées.

Des exemples d’implémentation existent déjà, notamment en Tunisie, où notre solution est en cours d’expérimentation dans des contextes spécifiques. Mais il faut rester lucide : l’impact reste encore limité, car ces projets sont très récents. On est encore dans une phase d’observation et d’ajustement, ce qui est normal à ce stade.

Cela dit, un cas d’usage particulièrement intéressant, et que nous étudions de près, concerne les programmes d’aide sociale déployés dans plusieurs pays africains. Ces programmes visent à identifier et enregistrer les ménages les plus vulnérables afin de leur garantir un accès équitable à des aides ciblées. Le problème, c’est que dans la majorité des pays, le processus d’enrôlement repose encore sur des enquêtes de terrain, souvent manuelles, menées par des agents qui doivent se déplacer dans des zones parfois difficiles d’accès. Le tout repose en grande partie sur des documents papier, ce qui rend l’opération longue, coûteuse, et parfois peu fiable.

Nous avons donc étudié ce cas comme un scénario d’application prioritaire pour Avatar-ID. L’idée serait de proposer une solution d’identification numérique qui permettrait aux populations concernées de s’enregistrer à distance, via un smartphone, en scannant une pièce d’identité si elle est disponible, ou à défaut, en suivant un parcours biométrique, avec en complément une validation communautaire, par exemple par un agent local ou un référent reconnu dans la communauté.

Ce type d’approche permettrait de fiabiliser l’identification, de réduire les coûts logistiques, et surtout, d’élargir la couverture du programme à des populations aujourd’hui difficilement atteignables, notamment dans les zones rurales ou informelles.

C’est exactement dans ce type de configuration qu’une solution comme Avatar-ID peut avoir un impact concret, rapide et mesurable : on réduit les frictions administratives, on renforce la transparence, et surtout, on rapproche les droits sociaux de ceux qui en ont le plus besoin.

Nous venons d’ailleurs juste d’entamer des discussions exploratoires avec des partenaires locaux, dans plusieurs pays, pour envisager une intégration pilote de notre technologie dans ces dispositifs, avec un fort accent sur l’adaptabilité aux réalités de terrain.

Ça illustre parfaitement notre démarche : partir du besoin réel, identifier les blocages concrets, qu’ils soient technologiques, logistiques ou humains, et proposer une solution numérique simple, robuste et intégrée, sans bouleverser ce qui fonctionne déjà.

Quels sont les avantages concrets d’Avatar-ID pour les gouvernements, les institutions financières et les entreprises en Afrique ?

Pour les gouvernements, le principal avantage, c’est la modernisation de l’état civil et des services publics. Grâce à une identité numérique fiable, ils peuvent mieux planifier, mieux allouer les ressources, réduire les fraudes et mieux répondre aux besoins de leurs citoyens. On le voit bien : quand l’État connaît mieux ses populations, il peut agir plus efficacement, que ce soit en matière de santé, d’éducation, de sécurité sociale ou de fiscalité.

Du côté des institutions financières, Avatar-ID permet de franchir un cap en matière d’inclusion. On passe d’un modèle basé sur la présence physique en agence, à un modèle numérique, accessible 24/7. Et cela ouvre des marchés totalement inexplorés. Imaginez une banque qui peut ouvrir un compte à un client en zone rurale sans qu’il se déplace : c’est un gain énorme, à la fois pour la banque, mais surtout pour le client.

Quant aux entreprises, notamment celles qui opèrent en ligne, c’est une solution qui leur permet de mieux sécuriser les transactions, de se conformer aux exigences réglementaires en matière d’e-KYC, et d’offrir une expérience fluide à leurs utilisateurs. On pense ici à l’e-commerce, aux assurances, aux plateformes d’éducation ou de santé.

Et ce qu’il faut bien comprendre, c’est que tous ces acteurs gagnent en efficacité, en réduction de coûts, et en fiabilité des données. Plus besoin de multiples vérifications, d’archivage physique, de déplacements inutiles. Tout est centralisé, automatisé, et surtout vérifiable.

Notre objectif est qu’Avatar-ID devienne un véritable accélérateur de transformation digitale, qui permet aux acteurs publics comme privés de passer à une nouvelle génération de services, plus agiles, plus sûrs, et plus accessibles.

Perspectives et évolution du marché

Comment voyez-vous l’évolution du marché de l’identité numérique et de l’e-KYC en Afrique dans les prochaines années ?

Ce qu’on observe depuis quelques années, c’est qu’il y a une accélération claire et continue autour de la transformation digitale sur le continent, avec une prise de conscience de plus en plus forte, aussi bien du côté des institutions publiques que des acteurs privés. Et dans ce contexte, l’identité numérique est en train de devenir un pilier structurant de cette transformation à grande échelle.

Aujourd’hui, ce ne sont plus uniquement les banques ou les opérateurs télécoms qui s’y intéressent. On voit des gouvernements lancer des stratégies nationales, des institutions régionales comme la CEDEAO ou l’Union Africaine qui appellent à des systèmes interopérables, des startups locales qui développent des solutions d’e-KYC, parfois très pointues.

Ce qu’on peut anticiper, c’est que le marché va se structurer autour de deux grands axes. D’un côté, l’identité comme droit fondamental, c’est-à-dire garantir que chaque citoyen dispose d’un identifiant légal, reconnu, sécurisé, et utilisable facilement pour accéder à ses droits. De l’autre, l’identité comme infrastructure sous forme d’un socle technique, intégré, sur lequel les services financiers, sociaux, de santé ou d’éducation peuvent s’appuyer.

Et bien sûr, derrière ça, il y a un besoin croissant de conformité réglementaire. Les États mettent en place des lois sur la cybersécurité, la protection des données personnelles, l’obligation de KYC dans certains secteurs. Cela pousse les entreprises à se doter d’outils fiables, qui répondent à ces exigences sans complexifier l’expérience utilisateur.

En résumé, on va très clairement vers une croissance rapide du marché, mais avec une exigence accrue en matière de sécurité, d’éthique, d’interopérabilité, et d’adaptabilité aux réalités locales.

Pensez-vous que l’intelligence artificielle et la biométrie vont profondément transformer la gestion de l’identité en Afrique ?

Oui, très clairement et sans aucun doute. Ces deux technologies sont déjà en train de changer la donne. Et leur potentiel, dans notre contexte africain, est immense.

Prenons d’abord la biométrie : c’est un outil extrêmement puissant pour prouver une identité de façon unique et infalsifiable. Sur un continent où les doublons dans les bases de données, les documents falsifiés ou les identités fictives posent encore de gros problèmes, la biométrie apporte une réponse claire. Empreintes, reconnaissance faciale, détection de présence… ce sont des éléments qu’on peut désormais capter via un simple smartphone. Cela rend la technologie plus démocratique, plus facile à déployer, même dans des zones reculées.

Et puis il y a l’intelligence artificielle, qui joue un rôle clé dans l’automatisation et la sécurisation du processus. Grâce à l’IA, on peut aujourd’hui valider un document d’identité en quelques secondes, détecter les incohérences, comparer une photo avec un selfie en temps réel, repérer les comportements suspects… Tout cela, sans intervention humaine, avec une précision qui ne cesse de s’améliorer.

Mais attention, pour que ces technologies aient un vrai impact, il faut qu’elles soient intégrées de manière éthique et responsable. Ce n’est pas juste une question d’innovation technique. Il faut s’assurer qu’elles ne créent pas de nouvelles formes d’exclusion, qu’elles respectent la vie privée des utilisateurs, et qu’elles soient encadrées par un cadre légal clair.

C’est exactement notre approche en utilisant l’IA et la biométrie pour simplifier l’accès à l’identité numérique, mais toujours avec des garde-fous en matière de sécurité, de transparence et de contrôle utilisateur.

Quels sont les projets futurs de Thinkneo pour développer Avatar-ID et accompagner encore plus d’acteurs sur le continent ?

Nous sommes justement à une phase charnière. La technologie est prête, les premiers déploiements et POC ont validé les premiers cas d’usages ainsi que la robustesse de la solution, et les retours utilisateurs sont très encourageants. Ce qu’on prépare maintenant, c’est le passage à l’échelle, avec des projets pilotes structurés dans quelques pays, en partenariat avec des institutions et des partenaires locaux.

Nous avons identifié trois axes de développement prioritaires. Le premier, c’est le secteur public. On veut travailler plus étroitement avec les gouvernements pour intégrer Avatar-ID dans des programmes d’état civil, d’aide sociale, ou de simplification administrative. On est convaincus que c’est là que la solution peut avoir le plus d’impact, en rapprochant l’administration des citoyens.

Le deuxième axe, c’est le secteur financier, notamment les banques régionales, les institutions de microfinance et les plateformes de paiement. On est en train d’adapter notre technologie pour qu’elle réponde aux exigences locales tout en restant simple à intégrer dans les systèmes existants.

Et enfin, il y a l’expansion à l’international, en particulier dans d’autres régions émergentes qui font face aux mêmes défis que l’Afrique : l’Amérique latine, certaines zones d’Asie du Sud… Les problématiques sont similaires : accès limité à l’identité légale, manque d’infrastructure, besoin de solutions mobiles et sécurisées.

Mais au-delà des aspects techniques, notre ambition, c’est vraiment de construire un modèle africain de l’identité numérique, qui ne soit pas une copie de ce qui se fait ailleurs, mais une réponse adaptée aux réalités du continent, pensée localement, et portée par des acteurs du terrain.

Et ça, c’est ce qui nous motive le plus ! Contribuer à bâtir un futur numérique inclusif, souverain et sécurisé pour l’Afrique.

Merci pour cet échange très riche. Un dernier mot pour conclure ?

Merci à vous. Ce qu’il faut retenir, c’est que l’identité numérique, ce n’est pas qu’un sujet technologique. C’est un sujet profondément humain. Derrière chaque solution, chaque innovation, il y a une réalité concrète qui est de permettre à une personne d’accéder à ses droits, à un service, à une reconnaissance administrative, parfois pour la première fois.

On est à un moment charnière où l’Afrique a l’opportunité de poser ses propres fondations numériques, d’inventer ses propres standards, et surtout de le faire en cohérence avec ses réalités. Ce n’est pas une course à la modernisation pour faire comme ailleurs, mais une manière de construire un modèle qui parle aux gens, qui respecte leur quotidien et qui les intègre pleinement.

C’est dans cet esprit que notre équipe travaille. On est là pour écouter, apprendre, co-construire. Et si Avatar-ID peut contribuer, même modestement, à rapprocher les institutions de leurs citoyens, à sécuriser des parcours, à fluidifier des démarches, alors on aura fait un pas dans la bonne direction.

Merci encore pour cette opportunité d’échanger. Et bravo à l’APNA – La Fédération des Association pour la Promotion du Numérique en Afrique  pour porter ces sujets avec autant de clarté, de conviction et surtout d’engagement.